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Entretien avec Zhang Jinzhu, chargé d'affaires par intérim de l'ambassade de Chine au Maroc
«Nous devons mettre en valeur nos avantages complémentaires»
2014-06-03 00:37

Le Matin : La sixième Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-arabe (FCSA) aura lieu prochainement. Quelles sont les principales nouveautés de cette édition ?
Zhang Jinzhu :
Grâce aux efforts conjoints des parties concernées, la 6e Conférence ministérielle du FCSA aura lieu le 5 juin 2014 à Beijing. Comme cette conférence célèbrera le 10e anniversaire de la fondation du Forum, le Président chinois Xi Jinping sera présent à la cérémonie d'ouverture. Ce sera la première fois que le président chinois assiste à la conférence ministérielle de ce séminaire. Ce qui témoigne de l'importance que la Chine attache aux relations sino-arabes. Lors de cette conférence, les parties chinoise et arabe vont explorer les modes et moyens permettant d'approfondir leur partenariat stratégique, définir les domaines prioritaires de leur coopération et les grandes mesures à prendre pour les deux ans à venir, ainsi qu'échanger des vues sur les questions internationales et régionales d'importance majeure pour mieux préserver et élargir leurs intérêts communs. Bref, cette conférence portera une grande signification pour planifier l'avenir du FCSA.

Vous avez mentionné que cette année marquait le dixième anniversaire de la fondation du FCSA. Alors, quels sont les acquis des dix dernières années ?
En janvier 2004, le Président chinois HU Jintao a rendu une visite au siège de la Ligue arabe. C'est à cette occasion que les parties chinoise et arabe ont annoncé la fondation du FCSA. C'est une décision stratégique pour la Chine et les pays arabes en vue du développement de leurs relations au 21e siècle. Les acquis des dix dernières années témoignent que la fondation du FCSA a largement promu le développement des relations sino-arabes. La confiance politique mutuelle ne cesse, en effet, de se renforcer. La Chine soutient fermement la préoccupation essentielle des pays arabes, c'est-à-dire la juste cause du peuple palestinien pour recouvrer ses droits nationaux légitimes. Les pays arabes accordent également leur soutien précieux à la Chine sur les questions concernant la souveraineté chinoise et ses intérêts essentiels. En 2010 s'est tenue la 4e Conférence ministérielle du FCSA. Au cours de cette conférence, la Chine et les pays arabes ont annoncé l'établissement des «relations de coopération stratégique qui centre sur le développement commun et la coopération globale».
La confiance politique mutuelle constitue une base solide pour la coopération économique et commerciale. Les échanges commerciaux maintiennent une croissance forte malgré les influences défavorables de la situation fluctuante régionale et de la dépression de l'économie mondiale. Le volume du commerce a augmenté de 36,4 milliards d'USD en 2004 à presque 300 milliards d'USD en 2013. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de la plupart des pays arabes. La coopération sino-arabe a montré une grande complémentarité et une vaste perspective. Les échanges intellectuels et culturels entre les deux parties sont devenus de plus en plus dynamiques. Dans le cadre du FCSA sont fondés une dizaine de mécanismes de partenariat comme la Conférence ministérielle, la Réunion des hauts fonctionnaires, le Séminaire sino-arabe sur le commerce et l'investissement, le Colloque sino-arabe sur le dialogue des civilisations, le Forum sino-arabe sur la coopération des médias, etc. La mise en service de la chaîne en langue arabe du CCTV (China Central Television) a favorisé les connaissances et l'amitié mutuelles entre les peuples. Le nombre de touristes chinois aux pays arabes a dépassé les 400.000 personnes en 2012. De plus en plus d'Institut Confucius se sont installés dans les pays arabes dont deux sont au Maroc.

Dans ce contexte, comment évaluez-vous le développement des relations sino-marocaines ?
On peut dire que les relations sino-marocaines ont connu un développement notable pendant les dix dernières années. En 2006, le Président chinois HU Jingtao a fait une visite au Maroc. Et en 2008, S.M. le Roi Mohammed VI a visité la Chine. Les échanges personnels de tous les niveaux se sont multipliés. En décembre de l'année dernière, pendant la visite au Maroc du ministre chinois des Affaires étrangères WANG Yi, nos deux pays sont parvenus à un consensus sur l'établissement d'un partenariat stratégique ; ce qui va certainement ouvrir une nouvelle page de notre coopération.
Sur le plan économique, nos deux pays ont mené une coopération fructueuse qui est promise à de larges perspectives. Le volume commercial bilatéral, s'étant chiffré à 5,286 milliards dirhams en 2003, s'est élevé à 29,216 milliards dirhams en 2013, dont l'exportation du Maroc vers la Chine s'est établie à 2,9 milliards dirhams, soit une augmentation de 20,9% par rapport à l'année précédente. Environ 20 sociétés chinoises sont implantées au Maroc. Les investisseurs chinois s'activent dans de différents secteurs comme la pêche, la transformation plastique, la plaque d'impression, en créant un grand nombre d'emplois. Par exemple, les sociétés de pêche emploient près de 2.000 Marocains à bord. En plus, il existe une grande potentialité de coopération entre la Chine et le Maroc dans les domaines du tourisme, des énergies nouvelles, des infrastructures, etc.
Sur le plan humain et culturel, les échanges entre nos deux pays se développent avec vigueur ; ce qui constitue un pilier important et a apporté une grande contribution à la promotion du développement des relations sino-marocaines. Actuellement, on compte deux Instituts Confucius au Maroc et plus de 10 paires de villes jumelles. En plus, beaucoup de régions et de villes marocaines ont établi des relations de partenariat avec des gouvernements locaux de la Chine.

Quel regard portez-vous sur les réformes lancées par le Maroc ?
Étant un pays ami du Maroc, nous suivons de près son évolution. Durant ces dernières années, S.M. le Roi Mohammed VI a lancé une série de réformes politiques correspondant à la situation du pays et a maintenu la stabilité et le dynamisme du développement du Maroc. La partie chinoise apprécie la participation active de la partie marocaine aux affaires du FCSA, et œuvre toujours à promouvoir les coopérations avec le Maroc. Durant l'année 2013, une vingtaine de Marocains ont été invités en Chine dans le cadre du Forum, pour participer aux colloques et aux séminaires sur la gouvernance, le dialogue des villes, le dialogue des civilisations, les échanges des think-tanks, les échanges des médias, la gestion des affaires religieuses, etc.

Comment la Chine envisage-t-elle l'avenir de ses relations avec les pays arabes et plus particulièrement avec le Maroc ?
En approfondissant les relations avec les pays arabes, la partie chinoise respecte toujours la voie de développement et le système social choisis par les pays arabes conformément à leurs propres situations nationales. Dans les coopérations pragmatiques, la Chine tient au principe de l'égalité et de la réciprocité. Dans la nouvelle circonstance, les relations entre la Chine et les pays arabes sont de plus en plus étroites, caractérisées par les intérêts communs accrus et un champ de coopération plus large. Nous sommes confiants que l'avenir des relations sino-arabes dans la nouvelle époque sera plus radieux. Cela peut non seulement apporter le bien-être aux peuples sino-arabes, mais aussi contribuer à la paix et au développement du monde entier. Le Maroc, en tant que seul pays arabe qui relie la Méditerranée et l'Océan Atlantique, a un avantage géographique et constitue, tout au long de l'histoire, un pivot important sur la voie de soie dans l'antiquité. La Chine et le Maroc doivent promouvoir leur coopération dans divers domaines. Il faut souligner que la Chine possède des avantages en matière des capitaux, des techniques, des équipements, tandis que le Maroc possède des infrastructures modernes, un tissu industriel complet et de riches ressources humaines. Mettant en valeur nos avantages complémentaires, la coopération sino-marocaine pourra donner un «effet multiplicateur». Il faut souligner que le Maroc assure à ce moment la présidence de la 141e session du Conseil de la Ligue arabe.
Cela poussera le Maroc à jouer un rôle plus important dans la promotion des relations sino-arabes. Nous avons pleinement confiance en l'avenir des relations sino-marocaines.

Source: le Matin

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