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La Chine relance la Route de la soie
2014-06-04 23:48

La Route de la soie renaitra-t-elle de ses cendres ? À entendre les participants au Forum de coopération sino-arabe, qui a débuté le mardi 3 juin à Pékin, ce projet semble réalisable. L'objectif est de réaliser des corridors terrestres, maritimes et aériens pour favoriser les relations commerciales entre la Chine et les pays arabes, à l'image de ce qui se faisait (à petite échelle) il y a de cela 2.000 ans sur les 7.000 km que comptait cette route. «Les pyramides n'ont pas été construites en un jour. Ce projet de réédification de la Route de la Soie est de longue haleine, mais nous allons poser ses jalons aujourd'hui», a déclaré avec fermeté Zhang Ming, vice-ministre des Affaires étrangères chinois. Pour ce faire, une feuille de route sera présentée le 5 juin, lors de la sixième réunion ministérielle des pays arabes et de la Chine. Une réunion qui verra la participation du ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar. Ainsi, cette nouvelle stratégie sera étalée sur 10 ans et comportera 4 principaux axes, selon Ahmed Ben Helli, vice-secrétaire général de la Ligue arabe. Il s'agit de consolider les relations politiques, développer les coopérations économiques, favoriser les échanges culturels et coordonner efficacement les positions communes dans le cadre des manifestations étrangères où les deux parties seront présentes.

Pétrole contre technologie
Aussi déterminés que pragmatiques, les responsables chinois intervenant lors du forum sont allés droit au but. «Nous avons besoin de votre pétrole et vous avez besoin de notre production et notre technologie», résume l'ambassadeur Yang Fuchang. La Chine, faisant face à des besoins énergétiques colossaux devra importer l'équivalent de plus de 540 millions de tonnes de pétrole brut sur les 740 millions dont elle aura besoin d'ici 2020. Elle devrait favoriser les pays arabes pour ses importations en pétrole, mais aussi en gaz. En contrepartie, l'ex-Empire du Milieu s'engage à accompagner ces pays dans leurs projets de développement, notamment ceux ayant connu des bouleversements avec le Printemps arabe. «Les pays arabes concentrent le cinquième des projets d'infrastructures dans le monde. Nous pouvons vous fournir nos compétences et notre expertise avérée dans divers secteurs comme les chemins de fer, l'électricité, les télécommunications, les IT, le nucléaire à usage civil…», suggère Ming.

Selon lui, les pays arabes connaissent certaines difficultés de croissance et de chômage. «Nous sommes prêts à travailler ensemble et vous aider à sortir de cette impasse.

Vous regorgez de potentiels, de compétences et sur les 400 millions d'habitants, 60% sont des jeunes de moins de 30 ans. C'est un avantage qu'il faut développer et nous comptons vous soutenir. Certains pays se sont engagés dans des stratégies d'industrialisation très ambitieuses. Nous avons aujourd'hui la technologie nécessaire et les compétences pour accompagner ces stratégies. Nous sommes numéro 1 mondial sur 7 des 22 secteurs industriels et nous disposons d'entreprises leaders mondiales dans leur secteur», fait valoir Ming. Selon ce dernier, les investissements chinois ou les marchés qui seront concédés aux entreprises chinoises seront inscrits dans une approche différente. Il ne s'agira plus d'investir dans une seule usine ou un projet, mais dans le cadre d'un projet d'accompagnement plus global et plus structurel pour le pays arabe cible, selon le diplomate chinois.

Dans cette approche, le transfert technologique demeure l'un des principaux axes, comme déclaré à maintes reprises par les Chinois. «Nous sommes prêts à vous transférer notre technologie sans détour ou conditions.
De même, nous nous engageons à respecter votre souveraineté. Cela ne date pas d'aujourd'hui, mais de plus de 50 ans. Nous ne dictons pas de règles et nous n'avons pas de leçons à donner, nous sommes dans une logique de soutien et d'accompagnement sur tous les niveaux sans condition politique ou d'ingérence», soutient Fuchang.

La Chine, 2e partenaire commercial des pays arabes
Les Chinois sont résolument déterminés à consolider leurs relations notamment commerciales avec les pays arabes. Des relations qui, il faut le souligner, ne cessent de se raffermir ces dernières années, surtout après la création du forum de coopération sino-arabe en 2004. Aujourd'hui, la Chine est le deuxième partenaire commercial des pays arabes et le premier pour neuf d'entre eux. Ces derniers sont, pour leur part, le premier fournisseur énergétique pour la Chine et son septième partenaire commercial. Alors qu'ils se chiffraient à quelque 36 milliards de dollars en 2004, les échanges commerciaux sino-arabes se montent aujourd'hui à plus de 270 milliards.
Le Forum, qui souffle cette année sa dixième bougie, verra la participation du président de la République Populaire de Chine, Xi Jinping. Une première pour ce forum dont les enjeux sont grands.

Ambitions africaines
Le Forum sera aussi l'occasion pour la Chine de confirmer ses ambitions africaines. L'Afrique du Nord pourrait constituer la meilleure porte pour les Chinois vers le continent. Une Afrique où l'ex-Empire du Milieu est déjà bien présent et où il organise notamment un événement similaire, en l'occurrence le forum de coopération sino-africain. Dans ce contexte, le Maroc pourrait jouer un rôle majeur. Réputé pour ses fortes relations notamment avec les pays de l'Afrique subsaharienne, le Royaume constituerait un élément clé de cette éventuelle coopération triangulaire Chine-Maroc-Afrique. Surtout, lorsqu'on sait que le pays asiatique n'est pas fortement présent en Afrique francophone.

Source: Le Matin

 


 

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